Article écrit par Erick DEMANGEON et publié dans GAZ-MOBILITE.FR. Pour voir la version en ligne, cliquez-ici
Le transporteur routier TAB Rail-Road a amorcé sa transition vers le gaz carburant dès 2016. La filiale du groupe de transport combiné rail-route Open Modal, affiche de nouvelles ambitions dans le biométhane. Une stratégie présentée par son directeur général, Ivan Stempezynski.
👉 En mai 2019, vous aviez confié à Gaz-Mobilite.fr l’objectif de migrer 100 % de la flotte routière de TAB Rail-Road vers le biométhane, qu’en est-il aujourd’hui ?
Ivan Stempezynski (IS) : A l’époque, 20 % du parc fonctionnait au GNV. D’ici mi-2024, 100 % de notre flotte, composée de 90 moteurs, roulera avec cette énergie. Un renouvellement d’une vingtaine de tracteurs, porteurs et camions remorques, de 19 à 44 tonnes, finalisera cette migration.
La transition vers le bioGNV est progressive également. Actuellement, 43 % de notre consommation de gaz est bio sous attestations d’origine. Nous nous fixons pour objectif d’atteindre 100 % d’ici fin 2024, sachant que nos fournisseurs et gestionnaires de stations services publiques, délivrent tous ces certificats.
👉 Quels impacts a eu la hausse du prix du gaz carburant en 2022 sur cette transition ?
IS : Cela a été une période difficile. Le pied de facture GNV, qui permet d’intégrer et de répercuter les variations du gaz carburant à nos clients, était récent et n’était pas encore généralisé. TAB Rail-Road a donc supporté une partie de la hausse. Nous avons maintenu notre stratégie en revanche, avec de nouvelles ambitions dans le biogaz, mais repoussé la transition de notre flotte de quelques mois.
👉 Quelles seraient les mesures susceptibles d’être prises pour éviter la volatilité du GNV/bioGNV ?
IS : Une première mesure simple serait d’autoriser la récupération de la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) pour le gaz carburant, à l’instar du diesel. Cela lui conférerait plus de compétitivité.
Limiter sa volatilité supposerait de le décorréler des cours du gaz naturel. Le bioGNV se prêterait tout à fait à cette décorrélation, puisqu’il est produit localement, en circuit court. L’éligibilité du biométhane à la Taxe incitative à l’utilisation d’énergie renouvelable dans le transport (Tiruert) améliorerait sa compétitivité aussi.
👉 La délivrance des attestations d’origine a-t-elle un coût ? Est-il accepté par vos clients et pris en compte dans vos tarifs ?
IS : Compte-tenu des volumes consommés par notre flotte, le surcout lié à la délivrance des attestations d’origine est marginal, de quelques centimes. Le certificat d’origine est un document présenté à nos clients. La majorité d’entre eux est engagée dans la décarbonation de leurs transports ou, de façon plus globale, dans des démarches RSE.
A ce titre, ils sont prêts à payer un surcoût qui intègre, aussi, le prix des véhicules GNV, encore supérieur d’environ 20 % par rapport à un camion diesel équivalent.
👉 Pourquoi le biogaz est-il pertinent dans le combiné rail-route ?
IS : La transition vers le biogaz permet au groupe Open Modal, dont TAB Rail-Road est filiale, de proposer un transport combiné longue distance durable, décarboné et intégré. La totalité des services ferroviaires opérés en France par Open Modal, via ses filiales, est alimentée avec de l’électricité bas-carbone. Par rapport au diesel, le biogaz réduit de plus de 80 % les émissions de gaz à effet de serre lors des pré et post acheminements routiers du combiné. Il supprime aussi les polluants atmosphériques que sont les particules et les oxydes d’azote.
Le biogaz bénéficie d’ailleurs de la vignette Crit’Air 1, répondant aux exigences les plus strictes des Zones à faibles émissions – mobilité (ZFE-m). Enfin, les motorisations au gaz sont plus silencieuses et reconnues par les normes sonores PIEK pour livrer dans les centres-villes, par exemple, même de nuit.
👉 Quels sont les autres atouts et améliorations qui ont conforté votre transition vers le gaz carburant et le biométhane aujourd’hui ?
IS : La réflexion de TAB Rail-Road sur les carburants routiers alternatifs remonte à 2014. À l’époque, seul le GNV proposait une offre crédible. Avec Endesa au début, puis d’autres fournisseurs de gaz carburant ensuite, et des constructeurs, tels qu’Iveco et Scania, TAB Rail-Road a été pionnier dans le développement du GNV dans la mobilité lourde en France. C’est en 2016 que nous avons réceptionné notre premier véhicule au gaz.
« A terme, TAB Rail-Road est convaincu que sa stratégie énergétique sera plurielle. »
Dès le départ, TAB a opté pour sa version compressée et désormais pour le bioGNC. Les pré et post acheminements, autour des terminaux combinés rail-route, sont inférieurs à une centaine de kilomètres. L’autonomie des motorisations GNC/bioGNC est très supérieure à ces distances.
La puissance de plus de 300 ch et l’équipement de cabines longues sont parfaitement adaptés à ces trajets, en outre. Le bioGNC permet aussi de parcourir des distances plus importantes, quand cela est nécessaire, grâce à la densité de son réseau de distribution en France.
👉 Est-ce que TAB Rail-Road étudie d’autres énergies, carburants ou technologies de mobilité ?
IS : TAB Rail-Road a acquis une solide expérience dans la transition énergétique. Nous sommes en veille sur les autres énergies et technologies alternatives.
S’agissant de l’électrique, l’autonomie et le poids des batteries, qui enlève de la charge utile, ne correspondent pas encore à nos activités. Le coût de ces véhicules est également encore un frein, à nos yeux. Comme pour l’hydrogène, les progrès technologiques rendront l’électrique plus abordables et mieux adaptés à nos besoins. A terme, TAB Rail-Road est convaincu que sa stratégie énergétique sera plurielle.